No man is an island
Au Centre Medem
Le Jewish Labor Committee 1934-1960
Il s’agit pour nous de rendre un hommage à ces ouvriers américains juifs et non juifs, anonymes ou célèbres pour qui les valeurs humanitaires de solidarité et de générosité ont guidé leur engagement de tous les jours, au delà de l’océan.
De nombreuses organisations américaines, juives (Joint, HICEM), chrétiennes (Quakers) ou laïques (Emergency Rescue Committee) se mobilisent pour secourir les populations en danger. Parmi elles, le Jewish Labor Committee* (Yiddishe ArbeterComitet) : son rôle est important et trop méconnu.
Situé à la charnière entre le monde juif américain et le monde syndical américain (AFL) il doit sa création en 1934 à New York par un groupe de militants majoritairement bundistes émigrés de Pologne et de Russie.
Pour les fondateurs du JLC, seul un vaste rassemblement international des forces de gauche pouvait idéologiquement s’opposer au nazisme et au fascisme. Les liens maintenus avec le mouvement ouvrier européen lui permettent tout d’abord d’organiser l’aide aux dirigeants socialistes et syndicaux persécutés, mais aussi de porter secours et aide matérielle aux populations juives européennes.
Baruch C. Vladeck, administrateur général du quotidien yiddish The Forward en est l’initiateur et le premier président, David Dubinsky, président de l’ILGWU(syndicat de la confection), en est le trésorier, et Joseph Baskin, président du Workmen’s Circle( Arbeter Ring), le secrétaire général. Arrivés aux Etats-Unis en tant qu’immigrants après la révolution russe de 1905, activistes de premier plan, ils sont très intégrés dans la vie syndicale et politique américaine.
Pendant les années 1930, le JLC œuvre sur plusieurs fronts.
Organisation d’un boycott des produits allemands avec l’American Federation of Labor et L’American Jewish Congress,. L’organisation de ce boycott fut plusieurs fois l’occasion de manifestations de masse.
Organisation de contre-Olympiades à New York en 1936. En opposition aux Jeux Olympiques de Berlin.
Accueil et soutien de réfugiés politiques européens : Un fonds d’entraide international : le Labor Chest for the Liberation of European Workers du JLC et de l’American Federation of Labor (AFL) permet de soutenir les réfugiés socialistes et syndicaux victimes de la répression nazie ou fasciste, Les sommes collectées sont reversées aux exilés allemands, autrichiens italiens, tchèques dont la plupart se trouvaient en France.
Pour ces derniers, Isaiah Minkoff, directeur exécutif du JLC, obtient du Département d’Etat américain des visas temporaires d’admission aux Etats-Unis, ces précieux affidavits qui nécessitaient sur place des sponsors. Il établit les listes nominatives des personnes dont il avait suivi les déplacements et finance leur sauvetage, après avoir négocié les transports avec l’HICEM.
Collaboration avec Varian Fry
A Marseille, le JLC dépêche un envoyé, Frank Bohn, d’août à octobre 1940. Après le départ de celui-ci, c’est directement avec Varian Fry, le représentant de l’Emergency Rescue Committee, que le JLC traite pour les personnes pour qui il a obtenu des visas.
Pendant la guerre, il fera parvenir aux différents mouvements de résistance des fonds par sa représentation en Suisse.
Au lendemain de la guerre, environ 250 000 Juifs, rescapés de la Shoah, sont parqués dans les « camps de personnes déplacées » établis en Allemagne,Autriche et Italie. Ils sont nombreux à ne souhaiter qu’une chose, quitter l’Europe. En septembre 1945, Paul Goldman, secrétaire général du Poale Zion américain et William Wolpert, secrétaire général des United Hebrew Trades de New York, sont envoyés en Allemagne par le JLC. Ils y contactent les ouvriers et enquêtent sur l’organisation des camps afin de préparer une aide efficace sur place. Alarmés par les conditions de vie et d’hygiène déplorables dans ces camps et le manque de soutien offert aux rescapés, les dirigeants du JLC militent activement aux Etats-Unis pour une modification de leur organisation et pour un assouplissement des lois d’immigration américaine, très restrictives depuis les années 1920.
Le JLC parvient à sortir des camps entre 500 et 1 000 personnes accueillis par la France grâce ses contacts socialistes, dont Léon Blum et Cletta Mayer, femme de Daniel Mayer. Environ un autre millier émigre aux Etats-Unis entre 1946 et 1949. Leur arrivée étant conditionnée par l’assurance d’un emploi et d’un logement, les syndicats membres du JLC, dont l’ILGWU, œuvrent activement pour trouver des emplois d’ouvrier à chaque immigrant.
Un vaste programme d’assistance est lancé depuis l’Amérique vers Europe, après la Guerre.
Une place particulière est accordée au sauvetage des enfants en France et à la reconstruction de leur identité juive par la création de foyers d’enfants et de parrainage à travers
La Colonie Scolaire
Les maisons de l’Arbeter Ring (Le Mans-Maisons Laffitte..)
Le foyer du Skif (Corvol)
La maison des Andelys (FOJ)
Mais surtout Vladeck Preventorium (a la mémoire de Baruch Vladeck) à Brunoy sur le modèle de Medem Preventorium (Pologne-)
Les écoles de yiddish en France, Belgique Angleterre et Israel
Les oulpans d’hebreux
Les bibliothèqes (Medem,..)
Mais aussi des écoles professionnelles (ORT..),
Le CDJC
………Le Musée d’art juif
…….Mais aussi l’aide auxmouvements sociaux démocrates européens
Le JLC aujourd’hui
Toujours actif, dans les milieux ouvriers, il mène une action contre les discriminations .et participe au mouvement des droits civiques.
Il est la voix juive dans le mouvement syndical et la voix syndicale auprès de la communauté juive
Le titre est tiré d’une poésie de John Donne (1572-1631) a servi de thème au Jewish Labor Committee en 1934