« De la reconstruction à la transmission »

« S’il te plait, raconte-moi Corvol ! »

Ainsi pourrait s’exprimer un enfant de 10 ans à son grand père qui était présent à l’ouverture en juillet 1947, à l’occasion du 60ème anniversaire.

Pour des centaines d’enfants, pour les générations qui se sont succédées, le château de Corvol est resté un lieu magique. Au fil des années, une mémoire s’est créée, qui prolonge ses racines bien avant 1947, qui remonte à la création du SKIF (Socialisticher Kinder Farband) en France et en Pologne, au mouvement ouvrier juif.

En 1947, le foyer IKA a accueilli, pendant les vacances scolaires, de nombreux enfants venus des Maisons d’enfants de l’Arbeter Ring (Cercle Amical) ou de foyers brisés par la Shoah. Il a fallu leur apprendre à se réapproprier leur identité, à faire confiance au monde extérieur, à se reconstruire, et simplement, à redevenir des enfants.

Ils y reçurent une éducation axée sur les principes d’une pédagogie active que le CLEJ (Club Laïque de l’enfance Juive) applique toujours en l’adaptant au monde d’aujourd’hui :

  respect de l’enfant,

  respect de la nature,

  autogestion,

  mixité (banale et répandue aujourd’hui, révolution hier),

  solidarité,

  ouverture sur les autres,

  identité juive, laïque et universaliste.

L’enfant qui découvre Corvol aujourd’hui sent confusément que l’expérience qu’il vit, prolonge celle des milliers d’enfants qui avant lui y furent heureux, y firent l’apprentissage de la vie collective, s’y épanouirent, y lièrent des amitiés pour la vie, y forgèrent leur personnalité.
Chaque génération d’enfants et de moniteurs a apporté sa contribution, vécu ses expériences particulières, en s’inscrivant pourtant dans une filiation incontestable, une vision culturelle du judaïsme, comme une fenêtre sur le monde, vers l’universel.

Nous qui avons pour vocation la transmission, nous constatons que notre mémoire est essentiellement orale, donc parcellaire et volatile.

Pour les générations actuelles et futures, il nous est apparu nécessaire de rassembler le puzzle de cette histoire.