Sélection de juin 2018
Voici les livres que vous trouverez sur la table des nouveautés du mois de juin
L’AMOUR APRES
Auteur : Marceline Loridan-Ivens
Editeur : Grasset, 162 pages
Marceline Loridan-Ivens, 89 ans, cinéaste, déportée à 15 ans à Auschwitz, signe avec Judith Perrignon, “L’amour après” (Grasset), un livre dans lequel elle ouvre “sa valise d’amour”, pleine des souvenirs épistolaires de toutes sortes, lettres, notes, petits mots, que les hommes de sa vie lui ont adressés, mais aussi celles de femmes rencontrées ici et là au cours de sa vie d’après et bien sûr son amitié avec Simone Veil retrouvée au hasard dans une rue de Paris.
Elle nous livre son rapport au corps, les camps, la liberté, l’amour enfin trouvé avec Joris Iven, tout en conservant sa liberté d’”être”, sans tabou, sans donneur d’ordre, féministe avant mai 68.
Un livre écrit avec les mots de Marceline Loridan-Ivens que Judith Perrignon a su conserver, mots d’une jeunesse éclatante.
Une leçon de liberté à lire avec beaucoup de plaisir et d’intérêt pour son parcours politique et intellectuel qu’elle a forgé tout au long de sa vie d’après.
LE BRACELET
Auteur : Andrea Maria Schenkel
Editeur : Actes Sud, 393 pages
Ce roman relate la vie d’une famille juive allemande, contrainte de quitter l’Allemagne en 1938. Grete (non juive) et ses deux enfants s’embarquent à Gênes, sur un navire qui va à Shanghaï. A la dernière minute, son mari Erwin n’a pu se résoudre à nquitter sa chère patrie.
Sur le navire, ils font une rencontre providentielle : celle d’un couple âgé Eleonore et Otto, avec lesquels ils vont partager leur existence durant tout leur exil.
Ce roman nous plonge dans la vie agitée et exotique de Shanghaï. Il est très bien documenté, plein de détails sur la vie quotidienne des réfugiés, et des Chinois, contraints d’accepter la présence japonaise.
Longtemps après, le petit garçon de Grete, Carl, devenu vieux, se remémore sa vie libre à Shanghaï.
Roman intéressant, très facile à lire.
AUTOPSIE D’UN DENI D’ANTISEMITISME
Auteur : Collectif
Editeur : Artilleur (L’), 203 pages
De nombreux témoins ont participé à cet ouvrage, prenant la défense de Geoges Bensoussan, accusé d’islamophobie. Il avait été relaxé lors d’un premier procès, mais le CCIF et ses acolytes ont fait appel (Ligue des Droits de l’Homme et LICRA, M. Sifaoui, …)
Que ces deux institutions parmi d’autres aient pris fait et cause pour une association aussi raciste, antisémite, et antirépublicaine dépasse l’entendement… Ils seront comptables devant les membres de leur institution respective.
Quant au CCIF (collectif contre l’islamophobie en France), voilà ce qu’en dit Sifaoui lui-même : « certaines chapelles profitent du climat ambiant, de la lâcheté ou de la naïveté des responsables politiques…Les membres du CCIF ont trouvé un créneau pour anesthésier le débat public… Mensonges, diffamations, exagérations sont le propre d’un collectif qui veut… faire taire les détracteurs de l’islam politique, etc… » !
Que reprochent-ils donc à G. Bensoussan ? D’avoir écrit un livre sur la condition des juifs dans les pays musulmans, et un autre (Les Territoires perdus de la République) sur l’antisémitisme foncier la population musulman française. Ce dernier titre est de fait un recueil de témoignages divers écrits par des acteurs de terrain.
Même si l’on n’est pas tout à fait d’accord avec lui, Bensoussan a eu le mérite de mettre le doigt sur un problème que l’on avait tendance à cacher sous le tapis. Depuis, plusieurs intellectuels ont écrit à ce sujet, parmi lesquels des écrivains d’origine musulmane (Boualam Sansal, par exemple, pour ne citer que lui).
Comme le remarque si bien l’avocat de Bensoussan, Maître Michel Laval, la judiciarisation est dangereuse pour la liberté d’expression. D’autre part, Bensoussan ne s’attaque pas à tous les musulmans : seuls sont visées les zones où les salafistes tiennent le haut du pavé.
Il faut défendre la liberté de penser en France, et c’est à ce titre que nous vous conseillons la lecture édifiante de ce recueil de témoignages. Le procès en appel a eu lieu et la Cour a relaxé G. Bensoussan le 25 mai 2018.
UNE PARTIE D’ECHECS AVEC MON GRAND-PERE
Auteur : Ariel Magnus
Editeur : Rivages, 313 pages
Cet étrange roman nous semble marqué par la culture sud-américaine : la réalité s’y mêle à des thèmes fantastiques et philosophiques.
Le jeu d’échecs en est le fondement. Ce parti-pris littéraire n’est pas sans risque… pour le lecteur.
C’est d’abord un hommage rendu à son grand-père, mort avant que l’auteur ait pu lui parler. Il en fait le héros d’un tournoi d’échecs et par la même occasion, rend ainsi hommage appuyé à Stefan Zweig.
Loin de l’Argentine débute la Seconde Guerre mondiale, comme un immense jeu de dupes qui ne peut( laisser indifférents les participants au tournoi international, lequel se passe à Buenos Aires. Plein de références littéraires, ce roman foisonnant ressemble à un labyrinthe. D’ailleurs, l’on s’y perd un peu…
LE PARRAIN ET LE RABBIN
Auteur : Sam Bernett
Editeur : Cherche Midi, 151 pages
Histoire vraie et captivante d’un groupe d’enfants juifs italiens orthodoxes sauvés par la Mafia new-yorkaise.
Milan, Novembre 1943, dans une école juive qui accueille clandestinement une quinzaine de jeunes garçons et un rabbin, les Allemands s’apprêtent une nuit à donner l’assaut. Par chance, un des élèves a pu donner l’alerte. Fuir, donc. Mais pour aller où ?
Pendant plusieurs nuits, avec à peine de quoi survivre et dans des conditions météorologiques effroyables, le petit groupe va se retrouver en haute montagne, sur un terrain où les nazis détruisent tout sur leur passage, avec pour ultime espoir de rejoindre la Suisse en passant la frontière à pied.
Pourtant, à des milliers de kilomètres de là, à Brooklyn, des comités de secours « Rescue Comittees » cherchent une solution pour organiser leur sauvetage. Dans l’impasse, et après bien des tergiversations, le rabbin se résout à passer contrat avec l’un des parrains de la Mafia new-yorkaise.
Quel sera le prix de leur improbable alliance ?
CEUX D’APRES
Auteur : Doron Rabinovici
Editeur :Denoël, 303 pages
Ce roman kafkaïen se lit comme un roman policier : qui se cache derrière tous ces assassinats ? Qui est vraiment celui qui s’en accuse ?
Ce roman qui, au départ, semble une succession de portraits psychologiques sans rapport les uns avec les autres. Ce qui est troublant, c’est que chacun d’eux est comme Janus : le mot « meshuggè » revient souvent sous la plume de l’auteur.
Tous ces pauvres fous ont aussi des identités multiples, ce qui contribue à nous égarer. Leur point commun ? un questionnement permanent sur leur identité juive. Au fur et à mesure que nous progressons dans l’intrigue, celle-ci se fait plus opaque…
Pourtant, à y regarder de plus près, l’auteur ne serait-il pas en train de démasquer la « culpabilité juive fondamentale : celle de devoir s’excuser de vivre » ? Premier roman absolument fascinant.
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